Influencer positivement... la leçon apprise d'un garçon de 11 ans

Ce weekend, j’ai été témoin d’une transformation chez un jeune garçon de 11 ans. En fait, elle s’est produite chez mon propre fils Joshua. L’équipe d’hockey printanier dans laquelle il fait partie a gagné son premier tournoi de la saison. C’est le premier tournoi que Joshua remporte, tout sport confondu. Ce fut un moment magique pour lui. Mais au-delà de la victoire d’équipe, une seconde plus importante est arrivée.

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Joshua a joué dans la catégorie Atome BB cette saison. Il fut l’un sinon le dernier joueur sélectionné. Mais peu importe, il a réussi à se tailler une place et nous étions tous très fiers, surtout qu’il avait joué Atome B la saison précédente.

Certes, il n’était pas le plus talentueux du groupe puisque l’équipe était composée de plusieurs bons jeunes joueurs. Mais son éthique et acharnement au travail ont été difficiles à ignorer. En début de saison, il avait du plaisir à jouer, conséquemment, il progressait.

Mais quelques évènements hors de son contrôle se sont produits. Des évènements d’adultes comme il m’a dit. Par la force des choses, ces évènements sont venus subconsciemment réduire son degré de plaisir qu’il avait à jouer au hockey. Le jeune anticipait moins ses visites à l’aréna. Dans son comportement, sur et hors la glace, il était facile de voir qu’il était devenu stressé. Son acharnement au travail était toujours présent mais il le faisait dans un climat différent du début de la saison. Durant les derniers mois de celle-ci, sa progression ne se produisait plus au même rythme.

Lorsque son équipe fut éliminée des séries, comme tous ses coéquipiers, il était déçu. Mais les premières paroles sorties de sa bouche au retour à la maison furent : « papa, l’année prochaine je veux juste avoir du fun OK ?». Ce fut comme une grosse claque au visage. Pour moi, ce n’est pas normal qu’un jeune pratique un sport pendant 8 mois et ne retrouve pas de plaisir à le jouer.

C’est une des raisons pour laquelle j’ai longuement hésité avant de l’inscrire dans une équipe de hockey printanier. D’un côté, je voulais qu’il décroche au plus vite mais d’un autre, j’espérais que cette expérience pourrait peut-être lui permettre de terminer la saison sur une note positive. Bref, nous lui avons laissé le choix et sa décision fut qu’il voulait vivre l’expérience.

Après quelques entraînements et parties hors concours, les entraîneurs ont eu une discussion avec lui. Ils croyaient qu’il pouvait en donner plus durant les entraînements. J’aurais cru que cette discussion aurait pu avoir un impact négatif sur Joshua. Mais au contraire, cette rétroaction s’est faite dans un environnement positif où la priorité était son développement… Pas de « criage ». Pas de menace cachée. Pas de jeu de manipulation.

Le tournoi débuta et vous connaissez l’issue de ce dernier. Son niveau de talent est demeuré le même et il était tout aussi déterminé et acharné le long des bandes. Ça se voyait qu’il avait quelque chose de différent dans les yeux. Je m’amuse à l’appeler « mon petit grinder ». Joshua a terminé les 6 parties avec un total de 2 passes. Aucun but mais combien de chances de marquer. Et demandez-lui si le fait de ne pas avoir marqué le tracasse? Aucunement! Je crois qu’il a joué son meilleur hockey des 10 derniers mois.

Mais le moment clé du tournoi est arrivé suite à la 3e partie. En route vers le restaurant, Joshua mentionne à sa mère et moi : « J’ai vraiment du fun ». J’ai eu des frissons tout le long du corps. Jamais je n’aurais cru entendre des paroles de la sorte en aussi peu de temps.

Les entraîneurs nous ont aussi soulignés l’effort que Joshua déployait et appréciaient son éthique de travail, qu’il avait une bonne attitude et voulait s’améliorer. Lorsque j’ai transmis ces paroles au jeune, un sourire est soudainement apparu.

Mais qu’est-ce qui a changé dans son attitude? Pourquoi il y a peine 2 mois, il n’était pas heureux et aujourd’hui, c’est tout le contraire? On ne peut pas associer cela à la victoire du tournoi puisque l’évènement s’est produit avant même la fin de la ronde préliminaire. Les entraîneurs ont même eu un tête à tête avec lui pour lui demander de rehausser son niveau de jeu. Pourquoi un changement positif aussi drastique?
 
Lorsque le joueur sent qu’il progresse, qu’il prend confiance. Et quand il prend confiance, il s’amuse. Et lorsqu’il s’amuse, il progresse et ainsi de suite.

C’est la raison pour laquelle j’écris cet article.

Bien que je sois de ceux qui croient que nous sommes tous responsables des attitudes que l’on adopte, les jeunes peuvent facilement être influencés par des sources externes. Et à mon avis, la qualité #1 d’un excellent entraîneur est de savoir l’influencer positivement.

C’est exactement ce qui se produit actuellement. Les jeunes sont encadrés, encouragés et guidés positivement. Les jeunes sont corrigés lorsqu’ils font des erreurs, positivement. Et les jeunes sont disciplinés, positivement. Par conséquent, les jeunes ont du plaisir. Ils ne voient plus l’aréna comme une source négative. Ils prennent plaisir à pratiquer un sport merveilleux.

Notre priorité en tant qu’entraîneur devrait toujours de s’assurer que les enfants aient du plaisir à jouer au hockey (ou tout autre sport). Et on y arrive en étant strict, certes, mais en étant aussi focaliser sur le développement du joueur en premier.

La victoire est importante… Très importante. Je crois qu’il faut enseigner aux jeunes les habitudes de travail, les habiletés, les tactiques et les stratégies pour gagner. Il faut être créatif dans nos entraînements afin de garder un niveau d’intensité élevé. Mais le développement du joueur, bien que moins spectaculaire que la victoire, doit toujours demeurer la priorité.

Oui, c’est plus exigeant lorsque l’équipe a une saison difficile en termes de victoire. Je crois que c’est dans ces moments que les bons entraîneurs se distinguent. Comment réussir à garder le niveau de plaisir élevé? Il faut alors utiliser notre créativité.

En bout de ligne, c’est lorsque le joueur sent qu’il progresse, qu’il prend confiance. Et quand il prend confiance, il s’amuse. Et lorsqu’il s’amuse, il progresse et ainsi de suite.

Bravo à toi Joshua et à tes entraîneurs et coéquipiers pour l’accomplissement du weekend. Vous m’avez fait réalisé une chose importante que je n’oublierai jamais :

Lorsqu’un jeune s’amuse au hockey, il joue son meilleur hockey.
 

Merci de partager cet article.

Steve Lauzon
Loz | Hockey
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