Difficile, mais pas impossible

On ne cesse de répéter que le hockey mineur (en fait, le sport en général), est une école est de vie pour les joueurs, les entraîneurs voire même les parents.

Si je prends le hockey mineur comme exemple, à la fin de sa carrière, le joueur aura eu l’expérience de vivre une dizaine de saisons. Certaines saisons auront été plus fructueuses que d’autres, autant au point de vue collectif qu’individuel.0199.jpg

Même chose pour les entraîneurs où toutes les saisons sont différentes l’une de l’autre. Certaines sont couronnées par des championnats, tandis que d’autres chaque victoire est faite à l’arracher. Certaines saisons, c’est l’offensive qui prédomine, et d’autres, on se concentre davantage sur la défensive.

À mon avis, c’est la beauté du sport.  Chaque saison apporte son lot de surprises.

Mais je dois admettre que les saisons où la victoire est moins au rendez-vous, représentent un défi de taille pour tout entraîneur. Non seulement on doit travailler sur notre personne pour demeurer positif et motivé, on doit s’assurer que le groupe d’athlètes le demeure aussi.  Et dans une culture ou la victoire est signe de réussite, c'est très difficile à vendre le concept aux joueurs.

Difficile, mais pas impossible.

Je me rappelle à mes débuts comme coach (j’étais adjoint à la fin des années 1990), on avait une équipe qui gagnait sporadiquement. J’étais découragé, je ne savais plus quoi faire. Ça se reflétait dans mon attitude envers les joueurs.  Mais le coach lui restait positif, malgré tout et continuait à se donner à fond.

On perd tout le temps pis j’haïs ça perdre. Veux-tu bien me dire comment tu fais pour rester positif?

Ce coach-là fut beaucoup plus qu’un coach pour moi. Il a été mon premier mentor. Et ce jour-là, il m’a probablement donné la leçon la plus importante que j’ai apprise dans toutes mes années de coaching.

Steve, coacher une équipe quand tout va bien, c’est facile. Tout le monde est heureux, de bonne humeur, motivé, plein d’entrain.  Mais c’est quand ça va mal que les jeunes ont vraiment besoin de toi.  Si à la base je ne crois pas en eux, comment veux-tu qu’ils croient en eux et en leurs coéquipiers?

Mettez-vous en contexte.  Nous sommes à la fin des années 90.  Une fois son message passé, il m'a aussi clairement dit de changer mon attitude :-)

Ce n’est pas que je ne croyais plus en l’équipe que nous avions. Au contraire, j’aimais faire partie de la gang et de donner mes conseils aux jeunes. Je venais de terminer mon hockey mineur et j'avais probablement encore l'instinct du compétiteur.  Je ne pouvais pas comprendre pourquoi certains joueurs ne répondaient pas au défi comme moi je l'aurais fait du temps que je jouais.

Alors je réagissais de la seule façon que je savais... en critiquant.

Mais le "change ton attitude" qui m'a été lancé m'avait fortement secoué.  J'ai compris que ce n'est pas tous les joueurs qui réagissent de la même façon.  Si je voulais que les joueurs changent, je devais à prime abord changer.

Je m’étais simplement laissé glisser dans le tourbillon négatif qu’apporte ce genre de saison. J’étais moins motivé, moins passionné, moins positif. Chaque petite chose que les ados faisaient me tombait royalement sur les nerfs. Je parlais plus et j’écoutais moins. Je réagissais plutôt qu’anticiper. Je dictais plutôt que guider.  Et lorsqu'on se laisse trop emporter par ce tourbillon, il devient extrêmement difficile de s'en sortir.

Difficile, mais pas impossible.

Au fil des ans, j’ai appris qu’au-delà de tous les cours techniques qu’un entraîneur peut prendre dans sa carrière, il n’en demeure pas moins que la chose qui aura le plus d’impact sur la vie d’un athlète n’est pas comment jouer un 3vs2 ou encore, se positionner en zone défensive. Certes ça fera d’eux des meilleurs joueurs de hockey, mais pas nécessairement des meilleures personnes.

Si on espère avoir un impact dans la vie des jeunes que l’on entraîne, je crois sincèrement que le seul moyen d’y arriver est de changer son attitude et de croire en eux, et ce, même dans les périodes difficiles d’une saison. On doit mettre le focus sur ce qui a de plus important : l’athlète lui-même. Des meilleures personnes font des meilleurs athlètes. Des meilleurs athlètes font des meilleures équipes.

Croire en eux ne veut pas dire qu’on laisse carte blanche aux joueurs. Au contraire, on doit avoir un cadre rigide que les joueurs s’engagent et doivent respecter. On doit continuer à être créatif dans nos plans de matchs. On doit faire du tableau. On doit corriger, corriger et corriger. On doit remettre à l’ordre un joueur ou le groupe et au besoin, on doit discipliner en conséquence !

C’est clair que ce n’est pas une tâche facile. C’est même très difficile ! Il faut parfois se donner un coup de pied au derrière pour rester focus. Mais comme toute chose, à force de répéter des actions difficiles, celles-ci deviennent éventuellement faciles.

Pour être honnête, je vous ai écrit cet article puisque je vis présentement ce genre de situation. Cette saison, j’ai le privilège d’être l’un des entraîneurs adjoint d’un groupe de jeunes hommes extraordinaires. Nous sommes guidés par un entraîneur passionné, impliqué et dédié au succès de l’équipe et de chacun des individus. On forme une belle équipe d'entraîneurs et les joueurs tout autant.  Les résultats frappent à notre porte.

L’équipe fait face à l’adversité depuis la 5e minute de la première partie de la saison ou l'on a perdu une pièce importante de l'équipe suite à une blessure. Et depuis ce temps, plusieurs événements viennent s’empiler l’un sur l’autre. C’est une situation inhabituelle que j’ai rarement vu depuis que je suis impliqué dans le milieu du hockey. Force est d’admettre que la victoire n’est pas aussi présente que l’on souhaiterait qu’elle le soit. Les efforts sont là durant la majorité des matchs. Mais pas nécessairement le résultat que les joueurs mériteraient. Il serait facile de simplement se laisser emporter par la vague, et j’admets que durant cette phase, j’ai mis mes deux pieds à l'eau.

Et pour une raison que j'ignore, hier soir je me suis surpris à penser à la conversation que j'ai eu, à ma début vingtaine, avec mon mentor de l'époque.  La seule chose qui raisonnait à mes oreilles : change ton attitude !

Alors si je peux profiter de cette tribune afin de faire une promesse à ce groupe de jeunes hommes qui investissent beaucoup de leur temps à un sport qu'ils aiment pratiquer. Soyez assuré messieurs que je crois en vous. Le coaching staff en son entier croit en vous. Nous donnerons toutes les onces d’énergie que nous avons d'ici la fin de la saison afin de vous guider à travers ce défi. Si vous acceptez de vous retrousser les manches, on va travailler à grimper la montagne et ensemble, on atteindra les objectifs fixés.

Je vous assure qu’atteindre des objectifs c’est le fun… atteindre des objectifs en groupe, ce l’est encore plus !

C'est ma promesse envers vous.

Merci de partager ce texte.

Steve Lauzon
Loz | Hockey
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