Les entraîneurs de demain

Ma première expérience de coaching je l’ai eu à l’âge de 17 ans, alors que je portais encore les couleurs de mon équipe Midget AA à Hull.  À cette époque, j’ai eu le privilège de rencontrer un entraîneur qui m’a demandé de lui donner un coup de main lors de ses entraînements.  J’ai accepté.

 

Je n’avais absolument aucune expérience en coaching.  Je ne savais pas comment préparer un exercice.  Mais je savais comment placer des cônes, je savais comment expliquer le positionnement,  je savais comment donner des petits trucs et conseils aux joueurs et je savais faire la démonstration des exercices expliqués.  Et c’est exactement ce que je faisais. 

Compte tenu de la différence d’âge qui existait entre moi et les joueurs (j’avais 17 ans et les joueurs 10-11 ans), j’étais perçu comme un modèle pour eux.  Je portais fièrement les couleurs de l’équipe de notre association.  Les joueurs écoutaient attentivement mes conseils et ils semblaient apprécier ma présence. 

Plus je passais du temps avec eux, plus je voulais m’impliquer.  Pendant les 3 années suivantes, je me suis effectivement impliqué.  J’ai été adjoint pour des équipes Peewee et Bantam.  Fait à noter, 3 autres joueurs ont aussi vécu la même expérience et les 3 ont été pendant une certaine période, des entraîneurs actifs au sein de l’association.

Les associations de hockey mineur devraient considérer et encourager les adolescents à donner un coup de main aux entraîneurs.  Je suis conscient que c’est permis à certains endroits.  Mais on pourrait être plus proactif et créer un programme de mentorat et leadership pour les joueurs plus âgés, exemple les joueurs Midget et Juvénile.  Un programme qui les impliquerait  à devenir des entraîneurs adjoints pour les plus jeunes équipes.  Je suis persuadé qu’avec un peu de volonté, ce modèle pourrait fonctionner.

Lors de la période des inscriptions, les adolescents pourraient se porter volontaire pour être des entraîneurs adjoints.  Certes, on pourrait mettre des balises comme l’âge requis (exemple 16 ans), que le joueur soit toujours actif ou fraîchement retraité,  qu’une rencontre obligatoire serait tenue avec l’association pour les informer des attentes, qu’une formation est obligatoire peu importe, c’est de la paperasse interne.

Même si seulement quelques-uns se portent volontaires au début de la saison, c’est déjà un gros avantage pour l’association et les équipes qui sont toujours à la recherche de bénévole. 

Je suis persuadé que peu importe le niveau ou la classe, un entraîneur de plus est toujours le bienvenu surtout chez les plus jeunes où chaque joueur demande beaucoup d’attention.  Dans mon cas, l’entraîneur ne semblait pas irrité du fait que je n’avais pas d’expérience en coaching, probablement parce qu’il se rappelait de ses débuts.  Je me rappelle très bien que l’entraîneur m’a présenté au groupe de parents, a expliqué mon rôle de support à l’équipe d’entraîneurs et a mentionné que j’étais en mode apprentissage.  Aucun parent ne s’est plaint. 

L’entraîneur avait 2 grandes attentes envers moi.  Il voulait que je sois un modèle pour ses joueurs, donc il s’attendait que je me comporte ainsi.  Et il voulait que je participe aussi souvent que possible.  Il était conscient que j’allais à l’école et que je jouais au niveau élite.  Il savait que je ne pouvais pas être présent à tous les entraînements.  Mais on s’était fixé un horaire qui ne venait pas brimer mes autres responsabilités.

Il m’a traité comme n’importe quel autre de ses adjoints, et il a été mon mentor pendant plusieurs années.  Il m’a souvent impliqué dans les entraînements, ce que j’ai apprécié.  Il me respectait et en retour, je me donnais à fond dans l’aventure.

Pourquoi utiliser des joueurs comme adjoint

Le joueur-entraîneur peut développer ses qualités de leadership et a la chance de voir le hockey d’une tout autre perspective.  Ça permet aussi de découvrir si le métier d’entraîneur est quelque chose qui l’intéresse pour les années à venir.

Le jeune joueur réplique les gestes du joueur-entraîneur et compte tenu de la différence d’âge qui est moindre que celle avec le reste des entraîneurs, il est en mesure de s’y associer.  Il a quelque chose en commun avec lui : il veut un jour jouer pour la même équipe ! 

L’entraîneur a de l’aide durant les entraînements !  Je le répète, il est préférable d’avoir plus d’aide que de ne pas en avoir assez.  Il est préférable d’avoir un entraîneur au centre qui pratique les passes au lieu de 7 joueurs à genoux à la ligne bleue qui attendent leur tour. 

L’association en bénéficie en permettant aux joueurs de redonner ce qu’ils ont généreusement reçu dans le passé.  Ça permet aussi de créer un sentiment d’unité au travers l’association puisque les plus vieux se mêlent aux plus jeunes.  Je me rappelle que j’ai assisté à un match de l’équipe du haut des estrades et j’avais apporté avec moi quelques coéquipiers.  Les jeunes joueurs étaient heureux de notre présence.  Et devinez qui étaient à notre match par la suite?

On ne cesse de dire qu’il y a un manque de bénévole au sein des associations.  Que dans certains cas, la compétence est aussi à oublier.  Il y a plusieurs raisons pourquoi c’est ainsi et l’une d’entre elles est sûrement le processus de recrutement.  Si on regarde la vérité en pleine face, quels sont les efforts que l’on FAIT pour recruter des bénévoles?  Qu’est-ce que l’on FAIT pour conserver les bénévoles compétents en place?   Comment se fait-il que nous avons des ressources extraordinaires au sein des associations et ces ressources ne désirent pas s’impliquer?  Ou pire encore, ils l’ont fait dans le passé mais ne veulent plus rien savoir de le faire aujourd’hui?   Ce sujet mérite une sérieuse réflexion puisque nous avons tous une part des responsabilités.  Et tant et aussi longtemps que nous jouerons à l’autruche la tête dans le sable, les choses ne changeront pas. 

Mais il y a de l’espoir puisque une partie de la solution se trouve dans notre propre cours : les jeunes !  Demandons aux jeunes de s’impliquer.  Demandons aux jeunes de donner un coup de main.  Demandons aux jeunes de devenir des leaders.  Demandons aux jeunes de devenir les entraîneurs-chef de demain.   Formons les jeunes.  Offrons-leur des opportunités de développement.  Confions-leur des responsabilités.  

Je suis persuadé que si les associations deviennent proactives et mettent en place des programmes de leadership, d’ici quelques années, ils auront un bassin d’entraîneurs compétents à tous les niveaux.  Ils deviendront aussi des modèles pour toutes les associations avoisinantes. 

Alors, qui sera prêt à s'impliquer dans un tel programme? 

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Steve Lauzon
Loz | Hockey
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