Jouer l’ombre d’un adversaire au hockey

Lorsque tu es à l’extérieur face soleil, si tu regardes vers le sol, ton ombre y sera toujours présente.  Que tu te déplaces vers la gauche ou vers la droite, lentement ou rapidement, tu ne réussiras jamais à t’en départir.   C’est comme si elle était collée à toi.  Le même principe s’applique au hockey.  Lorsque tu couvres un adversaire, tu es, en quelque sorte, son ombre. 
 
 
L’ombre est normalement un attaquant dont sa responsabilité première est de couvrir un adversaire que l'on considère dangereux (ex : le meilleur buteur).  Peu importe où le marqueur se déplace sur la glace, son ombre le suivra en tout temps.
 
Je me rappelle très bien avoir occupé ce rôle durant mes années Midget.  En séries, j’avais la responsabilité de couvrir les meilleurs attaquants adverses.  Après quelques matchs, un d’entre eux, tanné de m’avoir constamment à ses côtés, est aller se positionner directement derrière son filet lorsque la rondelle était profonde dans notre zone.  Croyez-le ou non, j’étais à côté de lui!   Que voulez-vous… j’avais 17 ans ;-)
 
Il y a 2 scénarios possibles lorsqu’on couvre un adversaire :
 
  1. Couvrir un adversaire qui n’est pas en possession de la rondelle
  2. Couvrir un adversaire qui est en possession de la rondelle
 
Couvrir un adversaire qui n’est pas en possession de la rondelle
Lorsque tu couvres un adversaire qui n’a pas la rondelle, ta responsabilité est de demeurer près de lui.  Tu essaie de l’empêcher, si possible, de prendre possession de la rondelle, ou tu limites l’espace qu’il a à sa disposition pour manœuvrer si jamais il en prend possession.  Ton bâton devrait être sur ou tout près de la glace et en avant de toi afin d’être en mesure de dévier une passe qui vient en sa direction.  Tu demeures toujours entre lui et ton but, même si tes coéquipiers sont en possession de la rondelle dans la zone offensive. Évidemment, si la situation de jeu le permet, tu peux attaquer avec tes coéquipiers mais tu dois garder en tête que ta responsabilité première est de rester tout près de l’adversaire.  Cela nécessite beaucoup de concentration et d’être en mesure de réagir rapidement.  La seule préoccupation de ton adversaire lorsqu’il se sent couvert est de trouver l’espace libre.  Sois prêt à bifurquer rapidement car il le fera, dès le moment que la situation se présentera.
 
Couvrir un adversaire qui est en possession de la rondelle
Il y a plusieurs tactiques défensives que l’on peut employer pour jouer du 1 vs 1.  Si tu demeures tout prêt de ton adversaire, tu peux légalement lui appliquer une mise en échec (s’il est en possession de la rondelle) ou soulever son bâton lorsque la rondelle vient en sa direction.  Ceci lui fera perdre possession de la rondelle.  Il y a un vieil adage au hockey qui dit que le défenseur (dans cette circonstance toi!) devrait jouer l’homme au lieu de la rondelle.  Il y a une raison pour laquelle tu couvres ce genre d’adversaire.  Si tu t’aventures à essayer de jouer la rondelle contre lui, plus souvent qu’autrement, il réussira à te déjouer et filer vers une zone libre sur la glace.   Si tu es dans la zone défensive, tu dois le forcer à se diriger vers la bande au lieu de l’enclave.  De cet angle, ses chances de marquer sont moins élevés.
 
Le jeu physique
Lorsqu’on joue l’ombre d’un adversaire, certains aiment avoir recours à des tactiques physiques comme le bousculer, le narguer ou encore, le cingler lorsqu’il n’est pas en possession de la rondelle.  Si l’arbitre voit ce genre de geste, il va appelé une pénalité puisque c’est illégal de frapper un adversaire qui n’est pas en possession de la rondelle.  L’adversaire aura alors gagné son pari.  Par contre, il faut l’admettre, jouer un peu plus physique contre ce genre de joueur peut le sortir de sa zone et s’il n’est pas en contrôle de ses émotions, répliquera… devant les yeux de l’arbitre. 
 
Respecter l’adversaire
Si tu ne respectes pas l’adversaire dont tu as la responsabilité de couvrir, tu t’ajoutes une pression supplémentaire qui, à mon avis, est complètement inutile.  Il faut accepter que durant le match, il va réussir à se départir de son ombrage.  Il faut accepter qu’il va réussir, à l’occasion, à te passer une tasse de café.  Mais là est la force d’un bon couvreur.  Il se ressaisit et refocalise ses énergies sur les éléments de base d’une bonne couverture : rester prêt de l’adversaire.  En outre, n’ait jamais les pieds dans le ciment… il va profiter de cette occasion.  N’essaie jamais de jouer la rondelle contre lui… il va profiter de cette occasion.  Ne le laisse jamais s’éloigner… il va profiter de cette occasion.  Ne tourne pas la tête à gauche lorsqu’il est à droite… il va profiter de cette occasion.  Respecte ton adverse en élevant ton jeu défensif d’un cran.
 
Accepter son rôle
Couvrir un adversaire nécessite un certain sacrifice.  Tu dois sacrifier ta production offensive et accepter une responsabilité spécifique durant toute la durée du match.  Tu le fais pour le bien de l’équipe au détriment de tes statistiques personnelles.  Mais d’un autre côté, avoir cette responsabilité signifie que ton entraîneur t’as choisi spécifiquement et crois que tu es en mesure de stopper le meilleur attaquant adverse.  Il faut accepter ce défi lorsqu’il se présente, te préparer adéquatement et respecter celui dont tu auras la responsabilité de couvrir.  Car je peux t’assurer, pour l’avoir personnellement vécu, tu auras probablement à jouer le meilleur match défensif de ta carrière :-)
 
Bien que je crois que cette responsabilité ne s’adresse pas à tous les joueurs ni à tous les niveaux, je crois par contre à l’utilité de cette tactique lorsque le moment est opportun. 
 
J’espère que vous mettrez ces quelques conseils en pratique. 
 

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Steve Lauzon
Loz | Hockey
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